NEW-YORK EN FAMILLE
mars 2011
Ellis Island. Une histoire du rêve américain
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Douze millions d’immigrants ont foulé ce bout de terre. Une terre promise qui pouvait offrir une nouvelle existence à New York ou ailleurs. Ellis Island a été pendant plus d’un demi-siècle considérée comme la porte des Etats-Unis. Cette toute petite île, située tout près de la statue de la Liberté et non loin de Manhattan, a été le passage obligé pour tous les étrangers qui espéraient vivre dans ces immenses buildings qui chatouillent, parfois, les nuages. Ellis Island fut ce légendaire centre d’immigration, de son ouverture en 1892 à sa fermeture en 1954. Le musée retrace le pénible parcours de ces familles qui ont dû quitter l’Europe pour le Nouveau Monde. De ces hommes et de ces femmes qui, pour certains, économisaient des années pour pouvoir se payer le voyage jusqu’aux Etats-Unis. Le Sicilien Salvatore Lucania a d’ailleurs raconté dans ses Mémoires la façon dont lui et sa famille se privaient de manger pour pouvoir mettre suffisamment d’argent de côté et faire ce fameux voyage. Lucania qui deviendra plus tard un puissant parrain de la Mafia new-yorkaise…
LA DOUCHE FROIDE
La traversée se faisait en paquebot et durait un mois, les plus pauvres entassés dans les classes inférieures, dans une chaleur étouffante. Une fois sur Ellis Island, dans un bâtiment construit comme une gare parisienne, les familles attendaient encore plusieurs heures en espérant que les agents les autorisent à entrer en Amérique. Avant le verdict, elles devaient passer devant le contrôle d’hygiène. Les plus malades risquaient d’être refoulés. Ce centre d’immigration était aussi connu pour ses fonctionnaires corrompus et le racisme de certains de ses dirigeants : juifs, Italiens, Arabes, Arméniens (entre autres) n’étaient guère appréciés.
Une fois à New York, c’était souvent la douche froide pour ces nouveaux arrivants qui avaient quitté la misère de leur pays pour en trouver une autre à l’ombre des gratte-ciel. Le quotidien n’était pas facile. Un immigrant se rappelle une histoire qu’on lui racontait au pays : les rues de la cité étaient « pavées d’or ». « Elles n’étaient pas pavées, alors on nous a dit de les paver », se souvient-il.
On sent encore le coeur battant de ceux qui ont tout quitté pour un rêve ou simplement pour survivre et qu'on triait ici comme du linge sale : les reçus, les exclus. Ici ce croisent les adieux, les bienvenus. Il y a les valises des pauvres gens venus mangés dans la main des puissants, des souvenirs de bateaux, de traversées infernales, d'accueils condéscendants, de regards perdus, des langues inconnues, des patois de paysans...